Là
Là, c’est une histoire de la violence. Celle du patriarcat, du suprémacisme blanc, et des impacts qu’ils produisent dans la chair. C’est l’histoire d’un corps construit comme femme objet, scellé dans des traumatismes, qui essaye de s’étirer pour la première fois – et ça fait comme un tremblement de terre.
Crédit image : Cécile Desailly
TW : Description d’agressions sexuelles, fetichisme
Extrait
« et je porte la douleur comme tu portes tes lunettes, quotidiennement, sans y penser, je vis avec le dos qui me lance toutes les heures, avec le sang de mes règles, le sang de mes gencives que je crache tous les soirs dans le lavabo, le sang sur le papier toilette et je pense qu’un homme ou même plusieurs ont déchiré une partie de moi qui ne voulait pas être prise par derrière mais qui s’est laissée faire […] Et tu ne le sais pas, tu ne le vois pas, mais je fais attention à comment je m’assois sur le canapé à côté de toi, à comment mon corps est placé dans le lit, à la manière dont je le cambre quand tu daignes poser tes mains sur moi. Je fais tout le temps attention à où est mon corps dans l’espace, à qui ne s’écarte pas sur mon passage dans la rue, à comment je marche, où je me place dans une pièce, à comment je place mes bras quand j’attends quelque chose ou quelqu’un-e. Je traverse ma vie en dansant depuis que j’ai sept ans. »